ENCRE LES MOTS

Gallimard, Août 2009

Difficile de ne pas comparer "Junk" à "L'Herbe Bleue", malgré les décennies qui séparent leur parution.

Cru, vrai, toujours juste, Burgess possède une aptitude rare à décrire chaque ressenti. L'alternance de points de vue, proche du témoignage, fait de ce roman une peinture réaliste d'une génération perdue en manque de sensations fortes. Du sexe aux drogues dites "douces" en passant par les substances les plus dangereuses, l'auteur nous entraine dans les émois, les ébats, les errances d'une bande de jeunes à la recherche de... de quoi d'ailleurs? La réponse n'est pas, en tout cas, dans ces paradis artificiels...

Attachants de par leur vulnérabilité et leur leurre à contrôler leur quotidien, on ne sait si l'on doit les plaindre, les blâmer, ou les prendre en affection. On pourrait croire ces jeunes soudés et parés contre les coups durs, mais leur amitié, fragile, est prête à se dissoudre au moindre coup d'éclat.

Un livre coup de poing que l'on n'est pas près d'oublier une fois achevé.

J'ai Lu, Septembre 1999

Premier roman de la diva gothic underground, "Ames Perdues" nous introduit dans un univers que l'on retrouvera tout au long de sa bibliographie. 

De son style incomparable, sensuel et charnel, elle parvient à teinter d'érotisme et de lyrisme les actes les plus cruels.

Bien loin des récits de vampires qui déferlent sur les gondoles des hypermarchés aujourd'hui, elle réinvente le mythe du vampire. Jeunes, violents, insolents, ils s'adonnent à tous les plaisirs, et quels plaisirs! Du sang, du sexe, du rock, de l'alcool (la fameuse "Fée Verte" donnera lieu à un recueil de nouvelles), tous les vices se mêlent dans cette intrigue addictive et dérangeante, mais tellement délectable.

Bienvenue à Missing Mile, bled paumé où Nothing, ado mélancolique en manque de reconnaissance, croise la route d'un trio de suceurs de sang sans éthique ni morale. Obsédé par ses nouveaux venus qui bouleversent sa morne existence, il est prêt à tout pour les suivre dans leurs folles épopées, et fuir le mal de vivre qui le ronge.

A ses dépends...?

Attachants, irascibles, naïfs, belliqueux, on ne sait parfois plus si le dégoût l'emporte sur la fascination, pour ces héros nés dans la volupté la plus profonde d'une plume inimitable. L'auteur a le don de mener son lecteur où elle le souhaite... ajoutant une touche d'indolence jouissive aux scènes les plus sauvages... pour le rendre toujours plus "à crocs".

Un véritable bijou du genre.

Lady Brite, une fois encore.. merci.

J'ai Lu, Septembre 2002

Fille du célèbre réalisateur Dario Argento, dans ce court roman rédigé comme un journal, Asia, tout aussi controversée que son père, se livre corps et âme, jetant les mots sans interdit. Agrémentée de petits dessins enfantins, de paroles de chansons, la jeune femme ignore la demie-mesure, passe de l'adrénaline de ses expériences déjantées au spleen de ses illusions blessées. Torturé, authentique, "Je t'aime Kirk" semble avoir été écrit pour elle-même, puis publié pour celui qui voudra la suivre dans ses dérives.

Seul fil conducteur de ce livre atypique? L'image d'une éternelle adolescente, perdue, qui se cherche plus qu'elle ne se trouve, sans savoir comment panser ses plaies. Emouvante, touchante, Asia suscite une émotion troublante, souvent dérangeante, mais toujours sincère.
Une bouteille à la mer, réservée à un public averti...